Cela commença par la plus banale des nuits...

Le restaurant dans lequel Mélium avait été conviée était vraiment bondé, et bien sûr, idéalement bruyant : un endroit jugé parfait pour discuter de quelques affaires privées ; un lieu où les murmures se révèleraient imperceptibles, et les serveurs, bien trop occupés.
Après y avoir calmement pénétré, le regard de braises de la jeune femme se promena sur les lieux, à la recherche de son supérieur. A une table disposée dans un coin et apprêtée, un homme d’une trentaine d’années lui fit signe. Posément, elle s’approcha de lui, roulant quelques peu des hanches comme à son habitude, et s’assit. Il l’accueillit d’un simple sourire, sourire non rendu, mais il n’en fit rien, sachant que Mélium n’appréciait guère son boulot.
Alors, l’homme commença son discours et le termina rapidement, cédant une liste de personnes à transformer en zombis aux délicats doigts de la jeune femme. Puis, dans un même geste, caressant la nuque de la danseuse, il lui murmura :
« Ne te déhanche pas trop devant tes adversaires… Tu nous appartiens, ne l’oublie pas. Sans nous, tu n’as rien. »
Pour seule réponse, Mélium lui fit une légère grimace et quitta la table, l’autre l’ayant lâchée.
Avant de décamper de l’enceinte du restaurant, collant sa main sur la porte, elle esquissa quelques discrets pas de danse, comme pour provoquer son supérieur. Elle retourna la tête, lui lançant un regard noir ; il souriait, riait même, riait jaune…Médium avait horreur qu’on la prenne pour une chienne : elle se sentait indépendante. Et pourtant…ce dont elle rêvait aujourd’hui n’était autre que la liberté.
Après un soupir rageur, la jeune femme jeta un coup d’œil à sa liste de proies. Elles travaillaient apparemment toutes dans ce quartier et ne partiraient que tard dans la nuit, ce qui laissait assez de temps à Mélium pour se cacher à l’aide d’un masque de malfaisance. A l’heure dite, elle sera prête.

Quelques tours d’aiguilles plus tard, la première victime fut en vue. Il n’y avait personne, les rues avaient été désertées, on approchait du petit matin. Parfait.
Mélium surgit. Sa victime se trouvait à l’autre bout de la rue, elle la croisera certainement.
C’était un homme assez vieux, peut-être qu’il avait déjà participé au Soul Hunt. Il affichait un air farouche et regardait de tout côté, on aurait dit un parano.
Il vit passer Mélium, et celle-ci, quand il la fixa, eut une griffe d’adrénaline et changea sa méthode : plus question d’attaquer de face, cet homme semblait un peu trop sur la défensive.
C’est pour cela que la jeune femme le laissa passer, provoquant en lui le faux espoir d’échapper à une agression et le poignarda dans le dos. Bien sûr, un coup de Kaleb en cet endroit ne pouvait tuer. Alors la victime, peu courageuse, quelques peu décevante, tenta de fuir. Mais la lame de Djinn la fit basculer en avant et lui faucha le pied.
L’homme ne put s’empêcher de hurler toute sa douleur, ce qui fit sourire Mélium. Il pouvait crier, réveiller toute le quartier s’il voulait ; cela ne changera rien : elle avait plus d’un tour dans son sac.
Il essaya de se relever, mais en était incapable. Alors, la jeune femme s’avança vers lui, roulant des hanches. Il recula précipitamment à l’aide de ses bras et de sa jambe indemne jusqu’à ce que son dos soit au mur. Mélium s’accroupit de façon à ce que le visage de l’homme soit au même niveau du sien, puis, elle caressa ses joues.
« n’ab…N’ABSORBEZ PAS MON AME, JE VOUS EN PRIE ! J’AI UNE FAMILLE !! UNE FEMME ET DES ENFANTS !!! »
_ « Je n’en ai rien à faire. »répondit-elle, d’un ton à la fois posé et acerbe.
A l’instant, l’âme de la victime fut volée, ainsi que son argent. Kaleb récupéré, Mélium disparut.

Pour elle, une longue nuit de travail ne faisait que commencer. Et une seule et unique âme ne valait rien ! D’autant plus que le Soul Hunt approchait à grands pas : il ne restait plus qu’une petite semaine pour se perfectionner. Mélium soupira ; en vérité, elle détestait priver des personnes de leurs âmes. Elle ferait vraiment tout pour accéder à sa liberté, mais pour le moment, les chaines de Nirvana ne voulaient en aucun cas la lâcher. Tant pis si le chemin se révélait long : une liberté légère n’a pas de sens.

Cela faisait de longues minutes que Mélium attendait sa prochaine proie, elle s’impatientait même. Lorsqu’elle l’aperçut enfin, elle ne put réprimer un sourire. C’était une jeune femme, cette fois. Sûrement une serveuse d’un des restaurants du coin. Elle hâtait le pas, voulant certainement rentrer chez elle le plus vite possible. Mélium la suivait discrètement par la voie des toits et lança Djinn quand elle l’entendit crier devant le zombi encore inerte au pied manquant, puis tira d’un coup sec son fil avant de remonter sa lame en forme d’hameçon. Voyant celle-ci souillée d’un sang nouveau, la jeune femme supposa que l’arme avait tranché en deux la tête de la victime. Elle aimait cette technique idéalement silencieuse et discrète.
Mélium exécuta habilement une suite de plusieurs bonds pour atteindre le sol sans se faire mal et s’avança vers la cible à présent morte.
Quelle ne fut pas sa surprise, lorsqu’elle découvrit un autre membre de Nirvana lui piquer l’âme de celle qu’elle avait tuée. Ce dernier, après un bref signe de main, prit la fuite, mais Mélium lança Djiin qui faucha, comme précédemment, la jambe du voleur. Il ne pouvait se relever et la jeune femme put compenser l’âme qu’il lui avait volée avec la sienne. Puis, tranquillement, elle s’en retourna à sa liste…

Il était très tôt. En fait le soleil n’était même pas encore vraiment levé, que Chester ne trouvait quand même plus le sommeil. Cela faisait des mois qu’il avait des problèmes de sommeil, ce qui provoquait assez souvent sa mauvaise humeur. Dans les rues, on pouvait entendre quelques voitures passer. Sans aucun doute des gens qui se rendaient à leur travail.
Chester prit une douche bien chaude tranquillement, avant de se sécher et de s’habiller dans sa tenue classe comme à son habitude. Sa rapière, toujours attachée à sa ceinture, il ne voulait jamais sortir sans. Pour lui cela représentait une forme de classe, mais aussi de protection, vu qu’il était une très fine lame. Il se mit ensuite au balcon de sa chambre, regardant les rues encore déserte et le soleil se lever peu à peu. C’était si calme, il adorait ces moments là.
Puis, le temps continuait à passer, et les rues prenaient de plus en plus vie. Chester aurait pu commander un petit déjeuner dans sa chambre, mais il n’en fit rien. Il décida de prendre un café dehors. Il sortit de sa chambre luxueux, pour rejoindre un ascenseur et se retrouver ensuite au centre ville. Il venait à peine de quitter son hôtel luxueux, que certains passant étaient déjà entrain de le dévisager. Evidemment, vu l’hôtel et vu sa tenue, il passait pour quelqu’un de très important. Mais bref, il marchait seul dans les rues, sans garde du corps, ni sans devoir prendre une limousine ou quelconque voiture de riche. Il faut dire qu’il était venu seul au Québec et il était à peine arrivé seulement depuis quelques jours. Il était donc loin d’avoir tout visité.
Mais alors qu’il s’enfonçait dans un quartier ou il n’y avait que boutiques et restaurant, il décida de se prendre un petit café. Le soleil s’était peut être levé, mais tout n’était pas ouvert. Néanmoins il se trouva un petit bar ou il n’y avait personne. Ou du moins, il y avait là une jeune femme assis au fond du bar et évidemment le barman. Chester s’installa au bar et se commanda donc un café. Quelques minutes plus tard, la jeune femme se leva de sa chaise et commença à s’en aller. Mais elle n’avait laissé aucun argent et ne semblait pas vouloir payer. Le barman lui cria dessus mais la jeune femme l’ignora. Mais lorsqu’elle voulue franchir la porte, le barman l’attrapa par le bras. Chester déposa de l’argent sur le comptoir et se leva à son tour. Il se dirigea à son tour vers la sortie et ôta la main de l’homme qui tenait la jeune femme.

-J’ai déposé de l’argent sur le comptoir, il y a de quoi régler les deux notes, donc veuillez la laisser tranquille.

L’homme ne broncha pas et regarda les deux personnes s’éloigner dans la rue. Visiblement la jeune femme n’en avait que faire. Chester avait toujours un regard froid et sérieux, il dévisagea la jeune femme.

-J’ai quelque chose sur le visage ou quoi ?
-Non non. Veuillez me pardonner. Je me nomme Chester.

Chester ne souriait pas pour autant dans sa présentation. Cependant il s’inclina légèrement devant la jeune femme. C’était d’instinct chez lui, la bonne éducation. La jeune femme n’en avait que faire de la révérence de Chester, et limite elle baillait devant lui.

-Bon c’est pas tout ça mais…merci quand même hein.

Elle commençait à s’éloigner sans en dire plus. Mais Chester avait un doute, il avait l’impression de la connaître. Il prit son portefeuille et en sortit une photo. C’était la seule photo qu’il avait de sa fiancée. Bon il faut dire qu’elle avait plus de 4 ans de moins sur cette photo, néanmoins il y avait des traits de ressemblance avec la jeune femme qu’il venait de croiser. Il voulait en avoir le cœur net, de toute façon il n’avait rien à perdre. Il rattrapa la jeune femme et était juste derrière elle à présent. Mais alors qu’elle continuait sa route sans se préoccuper des gens qui pouvaient marcher derrière elle, Chester lâcha ‘Mélium ?’. De toute façon il n’avait rien à perdre, si ce n’était pas la bonne personne, elle se serait retournée en disant ‘pardon ?’ ou n’aurait pas fais attention.
Mais à ce moment là, la jeune femme s’arrêta dans sa marche et se retourna l’air étonnée.

-Vous connaissez mon nom ?
-Mélium… !?

Mélium fixait ce nouveau venu dans les yeux. Cet homme était à sa recherche ?! Elle croyait sa ‘poursuite’ terminée lorsqu’elle avait traversé l’océan Atlantique. Les recherches se seraient si étendues pour la retrouver en plein Québec ?...
Mais ce jeune homme n’était pas magrébin, cela ne faisait aucun doute. Il semblait plutôt de type occidental. Même, un certain accent, bien que léger, était sorti de ses paroles, mais Mélium ne pouvait l’identifier. Il ne devait pas être québécois non plus…
En tout cas, s’il la cherchait, c’était sûrement pour la faire rentrer chez elle, et jamais, ô grand jamais elle n’avait voulu retourner au Maroc.
Après un bon instant d’hésitation, elle décida de lui mentir, les yeux baissés vers le côté :

« Je crains vous avoir induit en erreur. Mon nom n’est pas Mélium… »
_ « Ah...veuillez me pardonner dans ce cas. J'ai du faire une erreur. »
_ « …Et pourquoi cherchez vous cette femme ? »

Extrêmement troublée par la phrase qu’elle venait de dire, mais surtout par son ton qu’elle voulait neutre, mais qui s’était révélé défiant, Mélium rougit. A présent, il fallait fuir ! En finir le plus vite possible et prendre la fuite sans en faire des tonnes. Malheureusement, la jeune femme était toujours tendue.

« ...Euh…Excusez-moi, ça ne me regarde pas, après tout ! Passez une bonne journée ! »

Immédiatement après, elle voulut partir en courant, mais trébucha à cause de l’un des pavés du sol. Elle ne se releva pas ; elle dormait. Epuisée par son manque de sommeil et par les affrontements qu’elle avait menés cette nuit.

Chester voulut la retenir dans sa chute mais il était déjà trop tard, la jeune femme était déjà couchée par terre. Il s’accroupit devant elle, balayant les cheveux qui cachaient son visage, apparemment elle s’était endormie. Des passants s’étaient arrêtés pour voir la scène et certains voulaient appeler une ambulance. Mais Chester leur dit qu’il s’occuperait d’elle, elle s’était juste endormie rien de plus. Il fit appeler un taxi et y déposa la jeune femme sur la banquette arrière. Il voulait retourner à son hôtel avec elle. Puis, une fois là bas, il la porta dans ses bras. Il était évident que des employés de l’hôtel aurait accouru vers lui, le conseillant d’emmener cette jeune personne dans un hôpital. Mais il se répéta encore en leur disant qu’elle ne faisait que dormir. Un employé l’accompagna quand même à sa chambre.
Chester déposa soigneusement la jeune femme dans son lit et la laissa se reposer. Elle ne semblait pas s’être fait mal en tombant, c’est déjà ça. Il continua à la dévisager, au moins il n’aurait pas pu se prendre une remarque là. Il reprit sa photo en même temps, cette jeune femme avait les mêmes traits que Mélium. Mais bon, peut être une coïncidence au fond. Il voulait fouiller dans ses poches pour voir si elle avait des papiers sur elle, néanmoins il n’aimait pas faire ce genre de choses, et puis, vu qu’elle a fuie son pays, elle a sûrement du changer d’identité pour ne pas qu’on la retrouve.
Il enleva son veston et se mit au balcon scrutant les horizons comme il aimait le faire. Il n’avait plus qu’à attendre qu’elle se réveille à présent. Il s’alluma une cigarette en attendant. Il était rare qu’il fume mais ça lui arrivait en certaine situation. Puis, le temps continuait à passer. Chester ne savait pas trop quoi faire en attendant qu’elle se réveille. Il s’installa sur une chaise face au lit, et fit preuve de patience en croisant ses bras.
La jeune femme commença à s’éveiller alors que Chester s’était assoupie. Elle se demandait ou elle était et lâcha un petit cri d’étonnement en voyant Chester. Il s’éveilla à son tour et pu voir la jeune femme enfin éveillée et qui ne semblait pas vraiment rassurée.

-Bien dormi… ?
-Euh…ou je suis là ?
-Dans ma chambre d’hôtel.

La jeune femme ne tarda pas à se mettre en colère en traitant Chester de pervers. Elle voulait lui mettre une baffe mais il attrapa son poignet.

-Du calme voyons…vous vous êtes endormis sur le trottoir après une chute. Je vous ai juste déposé dans un lit pour que vous puissiez vous reposer. Je n’ai pas abusé de vous, ni fouillé vos affaires, soyez en rassurée.
-Hmpf…dans ce cas je vais m’en aller.

La jeune femme se tenait debout sur le lit prête à s’en aller, mais son vente gargouilla.

-Je peux faire monter un repas si vous voulez.
-…

Chester appela la réception sans attendre, et fit apporter un repas dans sa chambre. La jeune femme semblait contente de manger un bon repas, gratuitement en plus. Néanmoins elle se questionnait quand même.

-Pourquoi faites vous tout cela pour moi ? Vous avez flashé sur moi ou quoi ?
-Hm…ce n’est que de la bonne éducation voyons. Dit-il un peu gêné. Mais en fait je pense que vous pouvez peut être m’aider.
-Ah ? On vient à peine de se rencontrer et vous pensez que je peux vous être utile ?

Chester montra la photo de Mélium à la jeune femme, qui s’arrêta aussitôt de manger.

-Je recherche cette jeune femme.

Chester lui avait montré sa photo. Sur cette dernière, elle était à peine âgé de 14 ans, elle avait bien changé : son visage s’était aminci ; son corps, développé pour ressembler à celui d’un adulte. D’ailleurs, elle l’était à présent ; même, pour elle, elle était depuis qu’elle avait fugué.
Une simple jeune fille de quatorze ans n’aurait pas survécu en parcourant le Maroc sans aucune compagnie. Heureusement, elle avait rencontré son parrain de Nirvana en cours de route.
_ « Elle a l’air assez jeune pour une jeune femme, non ? » répondit Mélium après un long silence. « Depuis quand possédez-vous cette photo ? »
_ « Quatre ans, mademoiselle. Cette fille est sensée en avoir dix-huit cette année.»
_ « Que vous semblez naïf ! Mélium, c’est moi. »
_ « Comment ?! Mais vous aviez dit que…»
_ « Je vous ai tout simplement menti. » répondit-elle en sortant sa carte d’identité de sa ceinture et en la lui tendant. Il la prit.
Soudainement irritée, la jeune femme se remit nerveusement à manger. Oui, ce qu’elle venait d’avouer était sûrement dangereux pour sa liberté, mais tant pis. Et puis, ce Chester se révélait si crédule…Elle se rassura en se disant que ce ne serait sûrement pas lui qui menacerait ses plans et qui gâcherait des années de fuites et de débrouillardises.
Mélium déglutit ,bu un peu d’eau et inspira profondement afin de se calmer. Elle avait beaucoup de questions à lui poser. Alors, elle le regarda de nouveau dans les yeux.
« Pourquoi m’avoir cherchée ? Pour me ramener ? Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ? » lui demanda-t-elle d’un ton sérieux.
Elle voulait absolument être fixée sur ce curieux jeune homme : Avec quelques informations, elle saurait quoi faire en sa présence…Mais pour l’instant, elle ne savait rien de lui, elle ne pouvait rien faire.

Cette jeune femme était donc bien Mélium. Elle semblait nerveuse après avoir avoué son identité. Mais après fini de manger et bu un peu d’eau, elle reposa une série de question à Chester. Ce dernier continuait de regarder la carte d’identité pour finalement lui rendre, toujours silencieux. Néanmoins il devait lui répondre à présent, avant qu’elle ne commence à s’énerver. Il resta donc à côté d’elle, et répondit à ses questions.

-Je me nomme Chester Stoddart. Je me doute que vous avez du vous enfuir avant même que vos parents vous parle un peu plus de moi. D’ailleurs je ne savais pas grand chose non plus à votre sujet mais…nous devions nous marier…
-…Alors c’était vous l’homme que mes parents ont choisis… ?
-Rassurez vous, je n’étais pas excité par un mariage forcé moi non plus, et pour tout vous dire, j’étais plutôt heureux que vous vous soyez enfuis. Plus obligé de se marier comme ça. Néanmoins si je suis partis à votre recherche, c’est parce que nos familles, oui même la mienne, continuent à vous chercher et à s’inquiéter pour vous. Il serait donc temps de rentrer avec moi et de rassurer ainsi nos familles. Nous pourrons toujours essayer d’éviter un mariage une fois là bas.
-Rentrer ? Laissez moi rire ! Je n’ai pas fuie pendant quatre années pour qu’un type débarque de nul part, et me ramène avec lui ! Et puis, croyez vous vraiment que nos familles reviendraient sur leur décision ? S’ils avaient abandonnés l’idée du mariage, cela ferait longtemps que votre famille aurait arrêtés les recherches !
-Là vous marquez un point…Néanmoins je vous supplie de rentrer avec moi, pour les rassurer. Après, nous nous prendrons le temps d’expliquer notre envie de liberté.
-Que vous êtes naïf décidément…
-Mais qu’est ce qui vous retiens donc ici ?
-Ma liberté…et puis, j’ai des choses à faire aussi. Je ne vais pas faire marche arrière car vous venez me chercher. Personne ne me ramènera chez moi !
-Très bien. Si tel est le cas. J’attendrais que vous ayez fini vos affaires, ensuite nous rentrerons ensemble.
-Pfff…vous n’avez vraiment rien compris…bon…si vous voulez on fait comme ça. On pourra envisager ça plus tard.

Chester savait que Mélium disait ça juste pour arrêter la conversation. Elle n’était vraiment pas prête pour rentrer ça c’est sur. En plus de ça, Chester allait être sur son dos à présent, de quoi énerver la jeune femme d’avantage. Elle continuait de fixer son ‘fiancé’ pendant un court moment, avant de vouloir finalement sortir de la chambre.

Après avoir remercié et salué le jeune homme très brièvement, Mélium quitta calmement la pièce sans se retourner et s’éloigna. Arrivée à la réception , elle demanda la note du repas que lui avait commandé Chester et la paya.
La jeune femme ne voulait en aucun cas lui être redevable, elle espérait ne plus le revoir, elle désirait même l’oublier…Bien assez de problèmes l’assaillaient avant même sa venue .
Tranquillement, elle reprit son chemin. Dans la rue, elle croisa de loin le corps sans vie de sa victime affublé d’examens et protégé par des banderoles interdisant aux passants de s’approcher. La scène était à peine visible tant il y avait de monde. Apparemment, ce genre de spectacle affolait toujours la population, contrairement à Mélium qui s’y était habituée avec le temps. Elle, tout ceci ne l’excitait pas le moins du monde. A part l’adrénaline des affrontements, plus rien ayant rapport avec la violence ne la touchait.
Alors, elle continua calmement sa route sans se soucier de ce qui l’entourait…

Quelques minutes plus tard, Mélium parvint chez elle…Enfin « chez elle », plutôt dans l’un des repères de Nirvana ; un petit appartement qu’elle partageait avec cinq autres membres.
A peine rentrée, elle entendit :
« ‘Papounet’, La petite tigresse est arrivée ! » Immédiatement, on l’attrapa par les épaules, Mélium ,ne supportant pas qu'on approche d'elle ainsi, se retourna vivement.
« Où étais-tu ? » gronda son parrain, bien que calme.
Il se nommait Eliott, c’était un homme approchant des quarante ans qui l’avait trouvée dans le Sahara occidental alors qu’elle était mal en point. Il se voulait doux avec elle mais intransigeant.
« Tu as encore copiné avec un gars, hein ? » murmura-t-il en lui prenant le menton de façon à la fixer dans les yeux.
_ « Pas du tout !»
_ « Pourquoi mentir à un clairvoyant ? »
_ « Pourquoi me questionner alors que tu sais tout ? »
_ « Je préfère l’entendre de ta bouche… Pourquoi ne m’écoutes-tu jamais ? Je t’avais dit de rentrer dès tes missions terminées. »
_ « Je n’ai pas d’ordre à recevoir. »
Eliott lâcha un gros soupir avant de libérer Mélium et de se tourner vers Nodin. « Cette fille est une vraie tête de mule ! » L’autre éclata de rire.
« Si tu veux , tu peux me la donner. Moi, j’ai de l’expérience, je pourrais en faire quelqu’un. » répondit une voix féminine. C’était Cho Ryong, une femme Coréenne de cinquante ans qui avait déjà éduqué deux jeune membres de Nirvana et qui tenait en permanence une tasse pleine de café.
Nodin cessa de rire et ajouta son grain de sel, un sourire narquois aux lèvres : « T’as plus l’âge, mamie. Et puis, tu es une mauvaise marraine. Dois-je te rappeler que ton gros dur d’aîné est un habitué du bagne et que ta cadette ne veut même plus rentrer ?Laisse notre cher papa poule s’exercer. »
Cho Ryong souffla et lâcha un juron.
Nodin, un natif des Etats-Unis de trente ans, avait pour habitude de narguer ses connaissances. Il était espiègle et flemmard et ne voulait s’encombrer de petits nouveaux, mais enviait parfois les autres. S’il ne se révélait pas indispensable en communiquant les missions par le biais de son double, ils auraient certainement été viré.
« Eliott, si tu le souhaites, je veux bien te débarrasser de la princesse. Je te promets que je m’en occuperais très bien…Bien mieux que toi, même.»dit-il, son sourire sardonique s’étirant. Le parrain de Mélium lui lança un regard noir et quitta la pièce avec la jeune femme.
« Bah ? J’ai dit quoi ? »
_ « Il lit dans les pensées, Nodin… »
_ « Erf ! J’avais oublié… »

Dans la cuisine, Eliott avait assis Mélium en face de lui.
« Tu vas au devant de choses très dangereuses, Mélium. Tu files un très mauvais coton. »
_ « Et alors ? »
_ « Le Soul Hunt approche. Tu n’as pas le temps de flâner. Tu dois t’entraîner, absorber des âmes et te reposer pour avoir une chance de survivre. Tu as oublié l’année dernière ? »
_ « Mes ennemis ne sont que des loques. Je suis moins faible à présent, j’aimerais me mesurer à plus fort. »
_ « Nodin te donne ces petites missions pour ton bien. Imagine si tu te blessais avant le Soul Hunt. »
_ « J’en ai rien à faire ! »
Il se leva en poussant un autre énorme soupire et partit…

Plusieurs minutes plus tard, alors que Mélium se trouvait dans sa chambre, elle prit le mobile d’Eliott et appela Isis , l’apprentie cadette de Cho Ryong, qui était capable de localiser quelqu’un rien qu’en pensant à la personne. Elle lui demanda où se trouvait le fameux « French Butcher » dont on parlait tant, elle lui donna sa position avant même de réfléchir et Mélium coupa immédiatement après, avant qu’Isis ne put dire quoi que ce soit.
La jeune femme accrocha ensuite Djinn au rebord de sa fenêtre et atteignit le sol en se laissant glisser le long de son câble d’acier avant d'emprunter la moto d’Eliott.

Trois-Rivières