[Trois-Rivières] Un fou en cavale

Cela faisait maintenant trois mois que Damien était arrivé au Québec, trois longs mois passés à attendre le tournoi. Il était encore aux USA quand il avait apprit d'un de ses poursuivants, qu'il avait quelque peu malmené auparavant, que le prochain tournoi se déroulerait dans cette province du Canada. Il avait "emprunté" une moto et avait commencé le trajet. Mais, suite à une absence, il avait finit dans un fossé, son véhicule inutilisable. Après avoir massacré dans la bonne humeur le personnel d'une station service, car ils ne voulaient pas lui prêter une voiture, le français avait finalement abandonné l'idée de conduire lui-même, le bruit permanent de l'alarme insupportant au plus haut point et la voiture ne voulant pas démarrer, malgré les supplication de celui qui avait arraché sa portière.
Damien avait donc décidé de recourir à l'auto-stop. Il avait une méthode assez... particulière pour forcer les voitures à s'arrêter. Bizarrement, sa tentative ne fut pas très concluante, et, après avoir détruit cinq voiture, il sauta à l'arrière d'un pick-up et continua la route, sans que le conducteur du véhicule ne le remarque. Alors qu'il avait dépassé un panneau indiquant "Bienvenue au Québec", Damien n'avait put s'empêcher de pousser un soupir de soulagement : enfin quelque chose d'écrit en français !
Il attendit d'arriver à la première ville et était descendu du pick-up à un feu rouge, sous le regard éberlué du conducteur.

À peine deux semaines plus tard, les journaux ne parlaient déjà que de lui. Il avait causé une quinzaine de mort à Hull en pleine nuit. C'était un groupe de jeunes qui sortaient d'une soirée bien arrosée, et qui allait la poursuivre chez l'un d'eux. Damien était allé à leur rencontre, un sourire démesuré sur le visage. L'un des membres du groupe avait eu la mauvaise idée de lancer une blague idiote aux dépends du français, qui avait immédiatement réagit. En l'espace de six secondes, il avait déjà tué douze des quinze membres du groupe. Les trois survivants prirent immédiatement la fuite, deux moururent avant d'avoir parcourut plus de deux mètres, et le dernier finit plaqué au sol, la peur déformant son visage.

Me...me tuez pas... pitié... pitié me tuez pas...

Le jeune homme s'était mis à sangloter et Damien avait approché son visage du sien et lui avait murmuré d'une voix douce, comme s'il avait voulu le consoler :

Mais tu vas retrouver tes amis... je suis sur qu'il seront content de te voir.

Le visage de l'homme se figea alors dans un rictus de douleur, sa vie venait de l'abandonner.

Un mois plus tard, ce fut à Val-d'Or qu'un nouveau massacre fut exécuté. Tout les journaux parlait déjà du "French Butcher", ce psychopathe international qui disparaissait toujours au nez et à la barbe des forces de l'ordre sans jamais laisser la moindre piste.

Le dernier massacre avait eu lieu il y a deux semaines à La Tuque, complétant ainsi un triangle qui fut du plus bel effet sur les unes des journaux. Certains parlaient du "Triangle du massacre", d'autres du "Nouveau Triangle des Bermudes" et certains autres inscrivaient en gros caractères sur leur page de une "Le Triangle du Boucher". Les médias étaient en délire, abreuvant la peur des gens avec des témoignages d'éminent criminologistes qui tentaient de prévoir dans quelle ville aurait lieu le prochain massacre. Certains penchaient pour Maniwaki, d'autres pensait que le boucher allait se déplacer à Chicoutimi, et d'autres encore privilégiaient Québec.
Mais c'était en réalité à Trois-Rivières que Damien s'était installé, louant une chambre d'hôtel minable avec l'argent qu'il avait récupéré lors de ses massacres. Il savait qu'au moins l'un des membres du Nirvana à sa poursuite était également en ville. Lors d'une promenade matinale il avait croisé le regard d'un homme aux lunettes noirs, qui avait semblé retenir un sourire en apercevant Damien. Ce dernier était d'une humeur radieuse : il allait bientôt pouvoir s'amuser, et il faisait un temps superbe en cette matinée : en effet, il pleuvait des cordes. Ce fut donc sous une tombée de Hallebarde, alors que tout les gens censés courraient de droite et de gauche pour s'abriter de la pluie grâce à la devanture des magasins, que Damien s'aventura joyeusement dehors sans but précis. Il ne remarqua même pas l'homme en moto qui le suivait, mais cela n'aurait pas changé grand chose de toutes façons.
Damien tourna alors dans une ruelle. Il savait pertinemment que c'était un cul-de-sac, et son seul but était d'attirer à lui un éventuel poursuivant, bien qu'il se demanda un instant s'il serait suivit sous cette pluie battante... Arrivé au bout de la ruelle il se retourna, et constata avec grand plaisir qu'il était bel et bien suivit. L'homme aux lunettes noires et au blouson de cuir s'avançait d'une démarche tranquille vers sa cible, faisait apparaitre une arbalète à répétition dans sa main droite.

Alors le taré... toujours envie de faire ton malin ?

Damien afficha une moue déçue, donnant à son visage un air pitoyable et ridicule.

Qu'est-ce que t'as ? T'es pas content ?

T'es... tout seul ?

Tu t'imagines quand même pas que j'aurais besoin de quelqu'un d'autre pour éliminer un raté comme toi ! Tout ceux que t'as tué étaient des minables... Mais moi je vais t'avoir !

L'homme se mit à sourire et épaula son arbalète. Il ne prit même pas la peine de viser et tira trois carreaux de suite vers Damien, bougeant légèrement de droite à gauche, empêchant ainsi à sa cible d'esquiver sur les côtés. Néanmoins Damien n'avait aucune intention de bouger sur les côtés, en poussant sur ses pieds il fit un bon de plusieurs mètres, un des carreaux lui passant juste entre les jambes, là où, un peu plus tôt, se trouvait son cou. L'homme sourit à pleine bouche car son adversaire ne pouvait pas se déplacer dans les airs, et le toucher en plein vol serait un jeu d'enfant. Il décocha deux autres carreaux, anticipant avec une grande précision le vol de Damien. Celui-ci tourna sur lui-même, esquivant le premier carreau. Cependant il ne pouvait éviter le deuxième, et n'essaya même pas. Le carreau, qui allait droit vers les côtes de sa cible et qui allait sans doute lui transpercer un poumon, se brisa en entrant en contact avec Damien. L'agent de Nirvana ne put retenir son étonnement et, l'espace de deux secondes, il fut incapable de faire quoique ce soit. Son adversaire aurait du être transpercé et aller lamentablement s'écraser au sol, s'étouffant avec son propre sang. Mais non, le carreau s'était brisé en touchant sa cible et celle-ci atterrit tranquillement, un sourire non dissimulé ornant son visage.

Te moques pas de moi espèce d'abrutis, j'ai pas dit mon dernier mot !

L'homme tira ses quatre derniers carreau vers Damien avant de s'empresser de jeter le magasin sur son arbalète et d'en installer un autre. Alors qu'il relevait son arme et son regard vers son ennemi, il fut surpris de ne plus le voir. Il regarda sur les côtés, puis au dessus, mais rien. Comme si sont ennemi s'était volatilisé.

BOUH !

L'agent de Nirvana se retourna en catastrophe et pressa la détente. apparemment Damien s'était caché derrière une poubelle et venait de tapoter dans son dos du bout de son index, comme l'aurait fait un enfant. En tout cas, il n'y avait aucune chance qu'il survie à un tir aussi près... Pourtant, le carreau ne s'enfonça qu'à peine dans sa cible, et ne semblait pas pouvoir tenir en cas de mouvement brusque.

MOUHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA !

Damien s'était mit à rire, oubliant presque qu'il était à moins d'un mètre de son adversaire et que celui-ci avait encore neuf carreau dans son arme. L'homme décocha un violent direct du gauche vers le visage de son adversaire. Ce dernier para le coup en frappant le côté du poing de son crâne. Ce n'était pas vraiment une technique conventionnelle mais elle eut le mérite de surprendre l'agent de Nirvana, qui perdit l'équilibre. Damien en profita lui envoyer un coup de genou dans l'entrejambe. L'homme tituba en arrière sur quelque pas, avant de lever à nouveau son arbalète et de tirer deux nouvelles fois, en visant la tête de son adversaire. Damien se baissa in-extremis, les deux carreau rasant de près son cuir chevelu. Il poussa ensuite sur ses jambes pour se propulser vers son adversaire, qui, avant d'avoir pu réagir, fut envoyé au sol d'un puissant coup d'épaule.

C'est tout ? Tu peux pas faire mieux ?

L'homme jura et se releva le plus vite qu'il put. Il s'apprêta à épauler à nouveau son arme, mais il n'en eut pas le temps. Damien avait son bras gauche tendue devant lui, une chaîne acérée sortant de sa manche. Suivant la chaîne des yeux, l'homme s'aperçut qu'elle s'enfonçait dans son ventre. Ce fut à se moment qu'une vague de douleur le submergea et il tomba à genou. Sa vision se troubla et la dernière chose qu'il put voir distinqutement fut la silhouette de son adversaire s'approcher de lui, un sourire démesuré sur le visage. Il sentit la chaîne remuer dans la plaie arrachant les chair afin de se dégager. Étrangement il ne ressentait plus la douleur, il avait l'impression de nager dans un rêve des plus déconcertants. Alors qu'il tentait de distinguer son sang se mêlant à l'eau ruisselant sur le sol, une voix douce, murmurante parvint à ses oreilles.

Tu n'étais pas mauvais... peut-être qu'avec une centaine d'âme de plus tu aurais pu me tuer.

Celui qu'il devait tuer se mit alors à rire, posant sa main droite sur son visage et l'agrippant avec force. Il savait pertinemment ce qui allait lui arriver, cependant il ne put réprimer la vague de peur qui s'emparait de lui. Son meurtrier lui parla une dernière fois, comme un gamin parlant à son nouveau jouet.

Tu est à moi maintenant... rien qu'à moi.....

Le ton joyeux de la voix de son bourreau contrastait amèrement avec la situation dans laquelle l'homme se trouvait. Il se remémora soudain, comme une révélation, qu'une heure plus tôt il s'était imaginé dans la même situation, sauf que c'était lui qui se tenait debout, prêt à absorber l'âme de son adversaire...

..... je vais te manger !

À peine Damien eut-il prononcé son dernier mot que l'homme se sentit aspiré. Il ne sentait plus la pluie tombant dru sur sa peau, ni ses entrailles se déversant sur le sol. Il se sentait attiré hors de son corps, comme aspiré par la main de celui qui l'avait vaincu. Puis ce fut le noir total.


Damien laissa tomber le corps de celui qui voulait le tuer, tout en léchant ses lèvres, savourant cette sensation exquise qu'il ressentait à chaque fois qu'il absorbait une âme. Il murmura un simple mot : "Pouvoir" avant de fouiller les poches du cadavres. Il récupéra le peu d'argent que l'homme avait sur lui ainsi que les clef de sa moto. Damien plongea ainsi ses yeux dans le regard du mort et resta immobile durant une longue minute. Finalement il parla :

Me regarde pas comme ça toi !

Ce fut alors que d'un geste vite, il envoya son pied shooter dans la tête du cadavre, l'arrachant à son corps dans un craquement inhumain. Apparemment satisfait, Damien s'éloigna, tout sourire pou récupérer la moto de l'homme. Après l'avoir fait démarrer, il partit en cabrant sur le boulevard, toujours sous une pluie battante, en poussant des cris tel un cow-boy de l'ancien temps.

YEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEHAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA

_ « Salut, c’est Méli. Tu peux me localiser le French Butcher, s’il te plait ? »
_ « Il se trouve …à Trois-Rivières. »
_ « Merci… »
_ « Hé !…Mais Mélium, celui-là est trop fort pour toi !…La peste ! elle a raccroché ! Bon, tant pis ! elle apprendra. »
Voilà le dialogue à sens unique qu’avait tenu la jeune femme avec son aînée quelques instants plutôt. Cette dernière devait vraiment être très occupée pour sembler aussi distraite ; elle se révélait bien plus molle que d’habitude, ce qui fit encore sourire Mélium, même deux bonnes heures plus tard.

Elle filait à bonne vitesse sur le boulevard vers Trois-Rivières, sans faire attention au bitume humide. Elle avait peine à se concentrer depuis quelques minutes, mais, redoutant l’accident, elle gardait son attention. Autre problème : le voyant de l’essence annonçait qu’il n’y en avait presque plus. Eliott n’avait certainement pas fait le plein et Mélium se trouvait trop loin pour le faire, à présent. Alors, la jeune femme gara la moto avant qu’elle ne tombe en panne et là où elle n’aurait aucun mal à la retrouver, puis, elle reprit son chemin à pied.

Non, Mélium n’était pas folle, seulement orgueilleuse. La seule raison pour laquelle elle désirait affronter le « French Butcher » était de prouver sa valeur auprès de ses colocataires et de tout Nirvana. Elle en avait assez qu’on la traite de faible. Elle ne pensait pas à l’issus du combat, elle ne songeait pas même à la puissance de son prochain adversaire.

Tout d’un coup, alors qu’elle marchait, elle aperçut un homme qui ressemblait beaucoup au « French Butcher » qu’elle avait vu sur le journal que lisait parfois Nodin . Elle le sortit de sa ceinture et le déroula. Oui, c’était bel et bien lui ! Tout correspondait. Elle rangea nerveusement le journal, s’aperçut que les environs se trouvaient heureusement déserts et essaya de se détendre, avant de s’exclamer en pointant celui qu’elle voulait pour adversaire du doigt :
« Hé, toi ! »
Le concernée se désigna du doigt.
« Oui, toi ! Je suis Mélium Bel Araby du clan Nirvana et je vais voler ton âme ! »s’écria-t-elle en empoignant Djiin.

Damien avait fait le fou jusqu'à ce que la pluie s'arrête. Il avait quitté Trois-Rivière et s'était mis à prendre des risques inconsidérés sur une chaussée humide et glissante. Ce qui devait arriver arriva : Damien était tombé dans le fossé et la moto qu'il avait "emprunté" était devenue inutilisable. Le français, lui, n'avait aucune blessure. Il avait donc entreprit de retourner à Trois-Rivières car, comme la pluie s'était arrêtée, les rues n'allaient pas tarder à se remplir à une vitesse impressionnante et Damien n'avait aucune envie de se retrouver au milieu d'une foule de gens déambulant dans tout les sens et les non sens de la ville.
Après une petite dizaine de minutes de marche, il entendit quelqu'un l'interpeller. Il se demanda si c'était bien à lui qu'il parlait, mais voyant qu'il n'y avait personne d'autre autour il n'y avait pas des masses de possibilités... Il était très surpris que Nirvana envoie une deuxième personne si vite, d'habitude il n'en venait jamais deux dans la même semaine, ou alors ils venaient en groupe et il n'y en avait pas d'autres avant plus longtemps. Si Damien avait prit al peine de faire une moyenne il se serait aperçut qu'il y avait toujours trois agent par mois, soit à peu prêt un tout les dix jours. Mais il n'avait jamais songé à s'obstruer la tête de calculs et de statistiques, il prenait donc les gens quand ils voulaient bien venir à lui, toujours avec le sourire.
Il regarda de bas en haut celle qui venait de le défier et se mit à rire en écartant les bras et en levant le visage vers le ciel obscurcit de nuages, lui donnant une allure assez... dérangeante. Il était impossible de savoir s'il se moquait de son adversaire ou s'il se réjouissait du combat à venir, ou alors s'il ne s'agissait que d'un acte non fondé et totalement inutile. En tout cas ce rire ne semblait pas humain mais plutôt... démoniaque, il en était donc plutôt déstabilisant. Mélium eut l'air vexée que sa cible lui rit au nez d'une telle façon et elle projeta son crochet vers son visage, avec rapidité et précision.
Cependant, sans s'arrêter de rire, prouvant par là une incroyable capacité pulmonaire étant donné qu'il n'avait pas encore reprit sa respiration, le bras droit de Damien s'interposa sur la trajectoire de Djiin. Celui-ci s'accrocha au poignet de l'homme sans dommage, ce qui était tout bonnement incroyable puisque n'importe quel être humain normalement constitué aurait du avoir le bras tranché. Damien s'arrêta finalement de rire et plongea son regard dans les yeux de son adversaire. Celle-ci ne put qu'être frappé par une évidence : ce regard ne pouvait être humain...

En cet instant, le cœur de Mélium battait la chamade de terreur.
Les news l’avaient prévenue : son adversaire était un fou ! Elle regrettait d’avoir négligé ce détail...Elle aurait pu s’y préparer, mais il était trop tard.
Terriblement intimidée, la jeune femme tourna la tête d’un mouvement brusque, fuyant le regard du « French Butcher », et frémit. Elle ne pouvait se battre dans cet état, il fallait absolument qu’elle se ressaisisse ! Paniquer pour un regard, mais qu’est-ce qui lui prenait ?...
Mélium respira fort afin de se calmer…
Quand elle y parvint, elle releva la tête vers son adversaire qui n’avait pas bougé, et analysa calmement la situation :
Djiin était toujours accroché au poignet de Damien. Chose étrange : même si la jeune femme tirait de toutes ses forces sur le câble, le poignet de son adversaire restait intact…Il y avait anguille sous roche. Ça ne lui était encore jamais arrivé.
Mais il y avait un autre problème, un pire : comment faire pour récupérer Djiin ? Sans lui, elle ne pouvait rien…
Une idée lui traversa l’esprit. Mauvaise ou bonne, elle ne le savait pas. Mais il fallait qu’elle tente quelque chose :
Elle extirpa le journal de sa ceinture et, avec son pouvoir de Soul Drive, l’enflamma. C’est alors qu’elle s’aperçut que Damien fixait intensément le combustible. La jeune femme le secoua vivement : pas de doute, il ne le quittait pas du regard. Il semblait complètement absorber par les flammes. Alors, elle lança le journal enflammé vers le poignet de son adversaire et renforça son emprise sur la corde de Djiin avant de courir autour du « French Butcher »…

Le "French Butcher" remarqua que son adversaire le fuyait du regard et il ne put réprimer un gigantesque sourire qui dévoila toutes ses dents, donnant à son visage une expression de psychopathe désaxé.
Alors qu'il allait prendre la parole, son adversaire sortit un journal et y mit le feu. Damien fut sidéré, comment pouvait-elle allumer un feu d'une telle façon ? Malgré la distance il regarda fixement les flammes, faisant un pas en avant. Son sourire étrange n'avait pas quitté son visage donnant l'impression que ses traits étaient figés comme le visage d'un automate. Soudain, son adversaire lança le journal en l'air. Damien regardait les feuilles enflammées fendre l'air. Mais les mouvements de son adversaire, qui s'était mise à courir, l'empêchait d'admirer les flammes danser dans la brise. Il décida donc d'attraper la chaine de Djiin et de tirer d'un coup sec afin de faire perdre l'équilibre à son adversaire. Le vent se fit soudain plus intense, et le journal, qui était presque entièrement consumé, s'éteignit pour de bon, se désagrégeant en touchant le bitume froid. Damien tenait fermement la chaîne de sa main droite, tandis que le poignet du même bras était toujours enlacé par le crochet comme s'il ne s'agissait que d'un vulgaire foulard.
Suite à la manœuvre du français, sa jeune adversaire se relevait, tenant toujours fermement son arme. Elle tenta de tirer à nouveau mais son adversaire n'était pas destiné à lâcher prise. Contre toute attente, celui-ci se mit à bâiller, couvrant sa bouche de sa main gauche, comme si tout ceci ne lui demandait aucun effort. Une fois ce bâillement terminé il s'adressa à son adversaire sur un ton inapproprié, comparable à celui que prennent les parents pour réprimander gentiment les jeunes enfants.

"C'est pas très gentil de vouloir prendre quelque chose comme ça... et le mot magique alors ?"

Alors que chez tout combattant ordinaire prononcer une phrase de ce type aurait pour but de provoquer l'adversaire, Damien, lui, était sincère et aurait rendu son arme à celle qui l'avait défié pour peu qu'elle le lui demande poliment. Cependant, aucun combattant ne s'abaisserait à demander à son adversaire qu'il lui rende son arme de façon polie. Et Mélium, bien que sachant que Damien souffrait de troubles mentaux conséquents, n'avait aucun moyen de savoir s'il cherchait à la ridiculiser où s'il était tout simplement stupide et lui donnait de meilleures chances de la vaincre.

* "Là où est ton temps... là où est ta place. Retrouver la trace de ton passé lointain. Alors tu trouveras sur que tu chercheras." *

Après le départ de cette femme aux allures encore enfantines, Mélium y songeait encore. Si elle se donnait la peine d’y réfléchir, alors peut-être…Peut-être qu’elle trouverait le message, et le comprendrait même. Mais rien n’y faisait…Et puis, l’heure n’était pas à ça !

La jeune femme revint à son combat avait à peine commencé. Elle revint aussi à Djiin enfin libéré, puis elle leva les yeux vers Damien qui était occupé à déballer sa sucette, avant de récupérer son arme grâce au mécanisme de rembobinage qu’elle gardait dans sa ceinture.
Son adversaire semblait l’avoir complètement oubliée, c’est pour cela qu’elle se permit de réfléchir encore un instant…

Jusque là, Djiin avait toujours tranché chaire et os. Jamais un poignet ne lui avait résisté…
Il suffisait à Mélium de tirer un peu pour que sa lame pénètre la chair comme un couteau dans une meule de beurre, jusqu’à la section du bras ou de la jambe.
Mais apparemment, elle avait eu beau tiré, Djiin ne s’était pas taché de sang. Elle supposa donc que le « French Butcher » devait porter quelque chose lui permettant de se protéger des lames, comme un bouclier…

Soudain, Mélium s’élança jusqu’au tronc de l’arbre duquel avait surgi Mad et lança Djiin vers une des branches les plus hautes de cet arbre. Puis, la jeune femme se posa sur une branche plus basse. Damien se trouvant sous la branche, elle bondit sur lui et le déséquilibra.
Le « French Butcher » était maintenant à terre, Mélium assise sur son torse. Elle bloqua Djiin à travers la manche de son adversaire et tira : le tissus se déchira et , avec le sourire, elle découvrit la chaîne qui protégeait Damien.

Damien, sa sucette en bouche, se mit à rire bêtement plus comme une petite fille espiègle que comme un guerrier endurcis.

"Hihihihihihihihihi..... Toi aussi tu trouve ça bien comme système ?"

Soudain, le visage du français s'illumina, comme si une idée inattendue avait surgit de son cerveau malade.

"Et si on faisait un câlin ?"

Avant même que Mélium ait pu réagir, les deux extrémités de la longue chaîne qui protégeait Damien surgirent de ses manches, l'espace d'un instant elle décrivirent deux arcs de cercle en sens inverse. Chaque main du Butcher attrapa l'extrémité qui lui était destinée et Mélum se trouva pressée par ces chaînes, dont les pointes lui pénétraient la chair, sur le corps de son adversaire qui, lui, avait un sourire peu commun tant il était grand. Sa victime ne pouvait plus bouger, prisonnière entre les chaîne de son adversaire et le corps de celui-ci. Tandis que Damien soupirait d'aise, l'air détendu, comme s'il s'agissait d'un enlacement normal, Mélium elle, voyait son visage se crisper sous la douleur de cette prise peu commune. Le français, était content : sa journée était magnifique. Pour l'instant il s'amusait comme un fou et il était en train de câliner une fille des plus charmantes, même s'il se doutait qu'elle ne devait pas apprécier beaucoup cette étreinte. Damien réfléchit à ce qu'il allait devoir faire ensuite, il lui faudrait acheter quelque chose à manger une fois de retour en ville, toutes ses péripéties de la matinée lui avaient creusé l'appétit et il commençait à avoir faim.

Dans l’instant où Mélium put découvrir le secret de la protection du « French Butcher », la chaine de celui-ci la captura et la colla à son adversaire. Mélium ne put réprimer un gémissement de douleur ; non seulement elle se trouvait enchaînée, mais en plus, les maillons de la chaine étaient garnis d’épines qui lui griffaient la peau et lui blessaient la chaire. Si elle essayait de se débattre, ses blessures empireraient…

Constatant qu’elle ne pouvait rien faire d’autre, La jeune femme enflamma ses mains qui se trouvaient justement sur son adversaire. Celui-ci rit, tendant un peu plus l’arme qui emprisonnait la jeune femme. Apparemment les flammèches le chatouillaient...
La panique grandissante de Mélium fit accroître ses flammes. Mais Damien, percevant enfin une légère douleur, l’encouragea même à les grandir encore plus. Vexée, Mélium s’exécuta. Dans un élan de rage, elle matérialisa les plus grandes flammes qu’elle n’avait jamais matérialisées. La chaine mêlée avec les brulures dues à son pouvoir la fit crier de douleur. Cependant, elle devait continuer car Damien semblait complètement absorber par la magnificence du feu et la laissait s’échapper peu à peu. Enfin, après un suprême effort contre le mal de ses blessures, elle réussit à s’extraire de l’étreinte de son adversaire.

Immédiatement, Mélium prit ses distances. Son cœur battait à tout rompre ; il lui semblait que jamais elle n’avait eu aussi peur. La jeune femme frissonnait devant le « French Butcher ».Si sa fierté ne le lui interdisait pas, elle serait déjà très loin.
Pour se calmer, elle baissa la tête et pleura. Portant son regard à ses pieds, elle put constater qu’elle saignait. Rien d’étonnant. Néanmoins, la vue, mais surtout de la profondeur de ses blessures la fit défaillir et ses jambes la lâchèrent.

*Je ne pense pas que je pourrais me relever seule…Quelqu’un, je vous en prie... ! *

Mélium était à peine sortie de la chambre d’hôtel, que Chester ne mit pas longtemps à la suivre. Il fallait qu’il reste cependant discret. Par chance, il y avait du monde dans les rues, de quoi le camoufler, mais pouvant aussi lui faire perdre sa cible. Mais il n’hésiterait pas à accélérer le pas si jamais il ne l’avait plus dans son champs de vision. Puis finalement, il la vit entrer dans un immeuble. Chester attendait au coin de la rue. Il aurait attendu autant de temps qu’il le fallait, jusqu’à ce qu’elle sorte.
vingt bonnes minutes plus tard, Chester entendit une moto partir, et reconnu la silhouette de Mélium à son bord. Zut, il ne l’avait pas vu quitter l’immeuble. Il se précipita pour prendre un taxi, et dit ensuite au chauffeur de partir dans la direction que Mélium avait empruntée. Evidemment il l’avait perdu de vue à présent, pour la retrouver cela n’allait pas être génial. Bon de toute façon, cette direction ne conduisait qu’à Trois-Rivières, s’il ne la retrouverait pas sur sa route, il retournerait attendre devant l’immeuble. Mais beaucoup plus tard, Chester aperçu la moto qui était à présent garée. Il s’arrêta là et paya la course. Il était allé inspecter la moto, mais il n’y avait plus de clés. La jeune femme avait donc du continuer sa route à pied. Il fit donc de même.
Et finalement, après plusieurs minutes de marche, Mélium était là, en compagnie d’un homme pour le moins louche. Chester restait caché comme à son habitude. Son but était de suivre Mélium et rien d’autre. Visiblement, l’homme était plus que dérangé, et Mélium était ici pour l’affronter. Ensuite il y eu l’apparition d’une autre mystérieuse jeune femme. Visiblement ce pays avait pour don d’attirer les dérangés. Elle avait donnée une sucette à l’homme étrange et s’en était allée comme une enfant.
Mais le type avait agis à son tour. Il enchaîna Mélium, qui se retrouvait collée à lui, mais avec en même temps des épines qui lui griffaient la peau. Chester voulait intervenir sur le moment, mais très vite, la jeune femme trouva une idée pour se dégager. Elle utilisa ses flammes. Et tant bien que mal, elle s’était finalement dégagée et avait prit ses distances. Néanmoins ses jambes lâchèrent et elle s’était mise à pleurer. Chester n’en pouvait plus, ce type ne la toucherait plus à présent. Il sortit finalement de sa cachette et se mit devant Mélium en fixant l’homme.

-Toi, va t’en. Si tu oses encore t’approcher d’elle, tu auras à faire à moi.

Chester prit sa rapière en main et ses yeux changèrent d’un coup de couleur. Enfin, son œil droit été resté pourpre, mais son œil gauche devint rouge.

Damien s'était mis à sourire à pleine dent : il avait reconnu un trait familier chez son adversaire. Apparemment celui-ci avait une âme jumelle, intéressant. Le Butcher hésita entre le manger maintenant ou le garder pour plus tard, quand il aurait vraiment faim... Damien se gratta le menton et prit une pause sérieuse avant de parler, apparemment à lui-même.

"Alors.... je le mange maintenant ou pas ? Mmmmm...... c'est qu'il à l'air appétissant le petit... Oh et puis zut, j'ai pas faim je mange pas !"

Le français marqua une légère pause avant de reprendre, regardant Chester avec avidité, toujours son sourire démesuré aux lèvres.

"Mais tu es à moi maintenant... on va s'amuser tout les deux !"

Damien commença à avancer lentement, pas à pas, vers Chester en passant sa langue sur ses lèvres, tel un fauve léchant ses babines. Il prenait un malin plaisir à faire résonner ses bottes sur le macadam à chaque pas, donnant à la scène des allures de film d'horreur. Soudain il s'arrêta, à cinq mètres à peine de son adversaire. Il porta son index droit à ses lèvres, comme s'il réfléchissait, puis il prit finalement à nouveau la parole.

"Au fait, tu as dit quelque chose de pas gentil du tout tout à l'heure : c'est très vilain de dire aux gens de s'en aller comme ça. Et puis d'abord, qui t'as donné le droit d'intervenir ? T'aurais pu demander si ça gênait personne avant... c'est pas très poli tout ça !"

Damien, qui avait l'air il n'y a pas moins d'une minute d'un fou psychopathe, ressemblait maintenant à un enfant faisant la morale à un autre. Il agitait frénétiquement son index droit de bas en haut et il ne donnait pas l'impression de jouer la comédie, il avait l'air réellement consterné par l'attitude de Chester. Il semblait en avoir même totalement oublié le fait qu'il était en plein combat.

L’homme commençait à s’approcher de plus en plus. Chester restait prudent et surtout sur ses gardes, prêt à attaquer. Mais l’homme commença à lui faire la morale, comme un parent à son enfant. Chester ne dit rien mais ne lâcha pas son adversaire du regard. Mais après quelques minutes d’échanges de regards, l’homme refit un pas en avant, mais Chester se trouvait déjà derrière lui, prêt à lui asséner un coup dans le dos. C’est d’ailleurs ce qu’il fit, mais sa lame se vit propulsée au loin.

-Bon sang ! Il porte une armure ou quoi ?

Chester avait déjà parcouru les quelques mètres pour récupérer son arme. Il était rapide ça c’est sur, si bien que personne n’arrivait à le voir se déplacer. Néanmoins une chose le gênait, son adversaire semblait être protégé par quelque chose et il n’avait pas vraiment l’air d’être intimidé par la super vitesse de Chester. Néanmoins, ce dernier se lança de nouveau à l’attaque, essayant d’occasionner des entailles à son adversaire. Mais il n’y parvint pas, tout son corps était plus résistant que l’acier visiblement. Chester apparut de nouveau devant Mélium.

-Je sais pas quel est ton truc…mais ma lame n’arrive pas à t’atteindre.

L’homme avait l’air de se poser des questions néanmoins. Il ne semblait pas intimidé par la capacité de Chester mais se demandait quand même comment il faisait pour apparaître et disparaître ainsi.

-Je crois que j’ai trouvé une faille !

Chester disparu de nouveau aux yeux de tous, et finit par apparaître quelques mètres derrière son adversaire. Lui ayant occasionné une légère entaille au cou. Du sang était entrain de couler, visiblement c’était un bon point d’attaque. Néanmoins il ne voulait pas rester là pour l’affronter, il voulait fuir avec Mélium. Surtout qu’il ne savait pas comment allait réagir l’homme suite à sa petite blessure.

Damien porta son index et son majeur gauche à la légère entaille sur son cou. IL porta ensuite ses deux doigts à ses lèvres et il lécha le sang qui s'y trouvait. Il regarda ensuite Chester dans les yeux. Et se mit à rire.

"MOUHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA !"

"Mmmm... je crois que je vais t'adorer toi !"

Il ne savait pas exactement comment son adversaire parvenait à passer d'un endroit à un autre aussi rapidement, il était sans doute simplement très rapide, trop pour l'œil humain. Damien avança encore lentement de quelques pas, puis son adversaire disparu à nouveau. Dès qu'il disparu, le français décrivit deux arc de cercle autour de lui avec ses bras tout en libérant ses chaînes. Peu importe la vitesse de son adversaire, il n'y avait quasiment aucune chance qu'il évite ce mouvement, il n'aurait pas le temps de voir l'obstacle qu'il se serait déjà empalé dessus et, à cause de sa vitesse, il risquait de se faire mal, très mal.... Mais Chester eu de la chance, seul sa cheville gauche fut fauché par la chaîne de Damien. L'anglais tomba à terre tandis que la chaîne était profondément incrusté au dessus de son pied. Chester ne pouvait rien faire : s'il essayait d'arracher la chaîne, celle-ci s'enfoncerait d'avantage et aggraverait la plaie qui saignait déjà abondamment. Damien commença à tirer lentement sur la chaîne, faisant glisser Chester vers lui. Il souriait à pleines dents et laissait même échapper un petit rire. Il ne voulait pas tuer son adversaire maintenant, mais il pouvait quand même s'amuser un peu.

Chester ne savait déjà pas ce qui pouvait protéger le corps de son adversaire, alors il ne pouvait pas s’attendre à une telle riposte. Un gros pique des chaînes de cet homme, s’était planté dans la cheville gauche de Chester. De plus, le fou commençait à le tirer doucement vers lui. Chester n’attendit pas une minute pour prendre sa lame dans sa main gauche, et de se saisir de son colt dissimulé sous son veston. Bien sur avec la douleur et la panique, il ne pouvait pas vraiment se concentrer pour tirer. Et il tira donc ses six coups en essayant de viser la main de l’homme. Il n’arriva pas à pénétrer sa main, mais lui provoqua quand même deux belles éraflures, laissant couler le sang de son adversaire, l’arrêtant ainsi de ses mouvement, trop curieux de voir son sang couler visiblement. Mais Chester constata une fois de plus, que son corps était vraiment bien protégé. Les balles qui auraient pu se planter dans son corps, n’ont fait que ricocher.
Chester en profita pour retirer ce pique, lâchant un cri de douleur par la même occasion. Et il commença à reculer à l’aide de ses mains, aussi vite qu’il le pouvait. Son adversaire semblait plus occupé par son propre sang et à le lécher une fois de plus. Chester s’était à présent rapproché de Mélium. Cette dernière semblait toujours un peu absente et avait encore quelques larmes aux yeux. Chester essaya donc de l’appeler.

-Mélium ! Mélium écoutez moi !!
-…
-Si vous avez pu récupérer un peu de force, enfuyez vous et ne vous souciez pas de moi. A présent partez !

La jeune femme avait levé le regard vers son ‘fiancé’. Apparemment elle ne savait pas trop quoi faire. Mais le temps pressait. Le fou commençait à s’approcher de nouveau, tout doucement comme à son habitude. Néanmoins Chester aura du mal à se battre avec sa cheville. Il ne pourrait pas se battre et encore moins compter sur sa faculté. Il a beau être rapide comme l’éclair, si on le prive d’une jambe, il devient trop vulnérable. Mais il voulait surtout que Mélium soit en sécurité pour l’instant, donc qu’elle se décide à fuir au plus vite.

Bien qu’encore un peu embrumée, Mélium fixa Chester et l’écouta attentivement. Non, c’était catégorique : elle ne pouvait se permettre de le laisser ici, face à ce fou qui le prenait apparemment pour un jouet. Mais elle ne savait comment faire. Comment procéder pour que le « French Butcher » laisse sa victime, à présent vulnérable, tranquille ?
Chester avait surgit de nulle part pour porter secours à Mélium qui se trouvait tétaniser par la peur. Avec sa rapidité, il avait vite fait de blesser son adversaire…pour être blessé à son tour et ne plus pouvoir se battre…

Pitoyable !...Mais elle l’était tout autant, et même plus. Mélium se mit à rire d’elle-même afin de se détendre un peu. Et en même temps, ses larmes recommencèrent à couler le long de ses joues.
Toujours tremblante, elle se leva calmement, puis jeta le mobile qu’elle avait emprunté à Eliott au pauvre Chester.

« Ne dites pas n’importe quoi. Vous n’avez aucune chance de vous en sortir à présent ! Vous ne pouvez même plus marcher… » Lui répondit-elle avant d’avancer vers Damien.

ELLE était son adversaire, elle ne voyait même pas pourquoi il s’en prenait à Chester. Peut-être parce qu’il avait une âme jumelle, peut-être parce qu’il avait réussi à le blesser, qu’importe…
Mélium se souvint que petite, lorsqu’elle s’était brûlée les deux mains, elle avait réussi à les enflammer par la seule force de la pensée. A présent, tout ses avant-bras étaient calcinés. Après avoir pris sa respiration, elle essaya de les enflammer et un sourire apparut sur ses lèvres. Ça se révélait un peu douloureux mais ça fonctionnait. Alors, la jeune femme tendit ses bras vers son adversaire, histoire de lui montrer les belles flammes qu’elle avait matérialisées pour lui.

« Regarde ça. J’ai bien vu que tu adores le feu. Tu n’arrêtes pas de le fixer…Grâce à mon âme Soul Drive, j’ai le pouvoir de créer des flammes à volonté. Laisse cet homme et emmène-moi avec toi. Mon pouvoir et moi sauront te ravir. »

Mélium avait esquissé un sourire charmeur à l’adresse de Damien, mais elle était très sérieuse. Pourtant, cette méthode-ci ne faisait pas partie de ses principes, et la jeune femme avait du se faire violence pour en user…
Comment allait réagir le « French Butcher » ?

Damien s'amusait beaucoup, l'homme qui s'était interposé était fort, mais il avait décider de le "manger" plus tard. La fille, en revanche, était très intéressante : elle pouvait faire du feu.

Mélium lui avait fait une proposition étrange, elle lui avait dit qu'il pouvait la ramener chez lui en échange d'épargner Chester. Damien essaya de s'empêcher de rire : il ne voulait pas l'achever maintenant, ce que Mélium ignorait. Une fois qu'il eu réussis à se contrôler afin de ne pas exploser de rire, il reconsidéra la proposition de Mélium.

"Mais.... je crois pas que maman sera d'accord.. à bah nan j'uis bête : j'en ai plus ! Hihihihihihihi"


Après un léger temps d'arrêt, il prit un ton plus sérieux et reprit la parole, se parlant à lui même.

"Mmm... si je l'emmène à la maison ce sera bien... mais, mais... mais j'ai pas vraiment de maison en fait, et puis... et puis j'ai plus de moyen de transport non plus... peut-être qu'elle en à un elle..."

Il sembla soudainement avoir une révélation. Il reprit la parole d'une voix presque attristée

"Mais sa famille va s'inquiéter... nan, nan je peux pas l'emmener..."

Il sortit son briquet de sa poche, l'alluma, l'éteignit et lui adressa la parole.

"Apparemment tu va rester encore longtemps avec moi."

Il fit ensuite un sourire joyeux à son ustensile et le rangea dans sa poche. Il se tourna ensuite à nouveau vers Mélium et lui répondit l'air triste.

"Je peux pas accepter... j'uis désolé... Ne m'en veux pas mais... c'est mieux pour toi."

_ « Mieux pour moi ? Mais je suis sûre que rester avec toi est le meilleur pour moi. Vas où tu veux, mais garde moi avec toi. Tu es fort, je ne crains rien en ta compagnie… »murmura la jeune femme de son ton le plus doux.

Mélium s’était un peu plus approchée de Damien jusqu’à lui rendre le câlin qu’il lui avait donné durant leur ‘combat’, mais sans douleur cette fois. Elle se surprit elle-même, elle ne se trouvait même plus effrayée. Aucune peur ne lui tordait le ventre. Et ses blessures, elle les sentait à peine.

« …Si tu t’inquiètes pour ma famille, sache que je n’en ai plus depuis longtemps… »C’était faux, pourtant, depuis ses douze ans, elle considérait sa famille comme inexistante.

Discrètement, Mélium avait dirigé ses yeux vers Chester, qui se trouvait toujours au sol. Elle lui lança un regard noir: C’était pour lui qu’elle implorait son adversaire de l’emmener. Puis, ses yeux de braises scrutèrent ceux de Damien et elle les baissa tristement.

« …Je suis seule. Et tellement faible. Si seulement j’avais quelqu’un comme toi avec moi…Je me sentirais moins triste et je progresserais plus vite, c’est certain. »

Enfin, la jeune femme sourit au ‘French Butcher’, lui prit les mains et lui demanda :
« Alors, qu’en penses-tu ? Tu n’as pas besoin de maison, ou de quoi que ce soit d’autre…Garde-moi, au moins jusqu’au Soul Hunt. Sois mon compagnon et nous pourrons nous aider l’un l’autre. »

Sans répercution dans ses gestes, elle se demandait ce que la vie d'un fou en cavale pouvait être... Mais ça ne pouvait se révéler aussi dangereux que sa fuite de plusieurs mois...Et puis, avec Damien, elle n'avait vraiment rien à craindre, et même s'il ne l'aiderait pas, elle pourrait très bien se défendre elle-même.

Chester ne pouvait accepter ce qu’il venait d’entendre. Mélium ne partirait pas avec ce fou. Il recula encore un peu, du mieux qu’il le pouvait, et avec l’aide d’un arbre, il se releva. Il remit sa rapière dans son fourreau et prit des balles qu’il y avait dans une des poches de son veston, et rechargea son colt. Si son dos n’avait pas prit appui sur l’arbre, il tomberait sans aucun doute. Ayant rechargé son arme, il pointa cette dernière en direction de l’homme.

-Moi, je suis sa famille. Si elle part avec toi, je serais triste. Alors je ne te laisserais pas faire. Mélium, écartez vous.

Néanmoins, la jeune femme n’avait pas l’intention de s’écarter. Et à la place de ça, elle continuait à lancer un regard noir à Chester. Il ne comprenait pas trop pourquoi elle ne voulait fuir, mais tant pis, il la ferait partir quand même. Il avait une petite idée en tête, mais s’il y avait des chances qu’elle rate. En tout cas, il ne pouvait pas tirer avec Mélium qui était juste devant sa cible.

-Mélium je vous ferais partir, que ça vous plaise ou non !

Chester se poussa de l’arbre à l’aide de sa main gauche, et après un petit bond, il prit appui sur son pied droit, qui, à l’aide de sa vitesse, se réussit tant bien que mal à s’approcher des deux autres personnes. Il poussa alors Mélium par l’épaule qui s’était enfin détachée de l’homme. Néanmoins le plan de Chester ne fonctionna pas comme il le voulait. Il espérait retomber contre son adversaire et le tenir en joue, mais à la place, après avoir poussé la jeune femme, il chuta en arrière, tirant deux balles en l’air. Et il chuta violemment sur le macadam, et se cogna la tête, pour finalement tomber inconscient. Il voulait juste que Mélium s’enfuit pour de bon, qu’importe ce qu’il allait lui arriver.

Mélium regarda son « fiancé » qui s’était cogné violemment au macadam. Elle ne le portait pas dans son cœur. Pourtant, elle s’inquiétait pour lui : sa cheville saignait toujours et en chutant, il avait du se faire très mal…
Alors, elle s’éloigna de son adversaire pour s’accroupir au côté de Chester et lui examiner le crâne en passant la main dessous. Heureusement, il n’y avait pas de sang sur sa main donc il n’était pas ouvert, mais un choc crânien semblait possible, vu la violence avec laquelle le jeune homme s’était cogné.
Mélium se releva et fit mine de porter un coup de pied au ventre de l’inconscient ; elle le détestait car au fond, elle l’appréciait. Car sa situation l’obligeait à détester aimer.

« Je voudrais l’amener aux urgences, mais je ne peux pas le porter…» Dit-elle dans un souffle.


Damien regarda Mélium, arborant un sourire non dissimulé. Tout était clair maintenant, il se demanda comment il avait été assez bête pour ne pas se rendre compte plus tôt de la vérité...
Il s'approcha de Mélium tandis qu'elle était toujours de dos, regardant le corps inanimé de Chester. Alors qu'elle ne s'y attendait pas il l'assomma à l'aide d'un coup de coude bien placé sur l'arrière du crâne et la rattrapa afin qu'elle ne tombe pas.
Ce fut avec un corps inconscient sur chaque épaule que Damien regagna Trois-Rivières et la chambre qu'il avait loué. Il installa Chester et Mélium sur les deux chaises qui meublaient la chambre et les disposa face à face, à plusieurs mètres d'écart. Il tira ensuite sa chaîne et en détacha deux grands morceaux afin de ligoter ses deux prisonniers. Il les ligota de telle sorte que les pics sur ses chaînes ne leur rentre pas dans la peau, mais si les deux captifs tentaient de se débattre où de se libérer ils seraient certainement blessés. Après avoir été cherché quelques ustensiles adéquat dans la salle de bain, Damien banda la cheville de Chester après avoir désinfecté la plaie.
Une fois que ses deux captifs furent bien installés, Damien entreprit d'aller chercher de quoi manger, car il commençait vraiment à avoir faim après la marche qu'il venait de faire du lieu du combat à sa chambre. Il se demandait bien lequel de ses deux pensionnaires allait se réveiller en premier et quelles allaient être leurs réactions face à leur situation actuelle.

Mélium ne tarda pas à se réveiller. Elle se plaignit un moment de sa tête et constata avec surprise et effroi qu’elle se trouvait enchainée à une chaise. Ne voulant pas céder à la panique, elle tenta de se calmer en respirant profondément et en faisant le vide dans sa tête. Bien évidement, elle n’y parvint pas ; Mais trouva rapidement une autre méthode : elle se remémora ce qui s’était passé avant son évanouissement…et put deviner que Damien l’avait assommée.
Enfin, presque calmée mais le cœur battant toujours, elle releva la tête, histoire d’identifier le lieu où elle se trouvait : une salle assez vide où était disposée un lit…une chambre d’hôtel, pensa-t-elle. Il y avait du bruit dans la cuisine, sûrement le « French Butcher », mais pour l’instant, elle ne voulait pas penser à lui…
Elle considéra un instant ses liens. Le matériau de ces chaînes ne résistera sûrement pas à ses flammes. Alors, elle en matérialisa juste à ses poignets, en vain. Elle réessaya plusieurs fois et chaque fois, elle essuyait un échec car l’emprise des liens bloquait toujours ses bras. Même, la matière des chaines étaient toujours péniblement froide… Car elle ne trouvait pas de solution pour se défaire de ses liens, Mélium s’énerva et voulut se débattre furieusement, mais elle y renonça très vite à la vue de plusieurs épines affutées, se rappelant combien elles pouvaient faire mal. Pour évacuer sa colère, la jeune femme soupira longuement.
Chester se situait à quelques mètres devant elle et semblait toujours assoupi. Il était enchainé comme elle, et apparemment, sa cheville blessée avait été pansée. Elle désirait le réveiller, mais elle ne pouvait pas à part en criant. Seulement, elle ne se sentait pas prête à alerter et à affronter le « French Butcher » dans ses conditions, et encore moins le regard de Chester. Elle se trouvait en très mauvaise posture et maudit sa propre bêtise. Puis, Mélium décida d’attendre encore un peu le réveil de son « fiancé ». Vérifiant l’heure sur l’horloge accrochée au mur, elle se dit par la même occasion qu’elle patientera une dizaine de minutes.
Mais la jeune femme perdit patience, et à peine passées cinq minutes, elle s’exclama :

« Maintenant viens, toi qu’on appelle ‘the French Butcher’ et dis nous ce que tu comptes faire de nous !! »

Chester venait juste de se réveiller après que Mélium avait parlée. Il leva son visage alors que Mélium plongea son regard dans le sien.

-Ou…ou sommes nous ?
-Nous avons été enlevés par le French Butcher, nous sommes ses prisonniers, du moins vu notre situation…
-Arf…Mélium, je vous avais dis de vous enfuir, bon sang !
-Pfff…c’est tout ce que vous avez à me dire ? Qu’est ce que vous venez faire ici aussi, j’ai pas demandé à avoir une nounou.
-C’est ça…et qui était en sang entrain de pleurer tout à l’heure ?

La conversation s’arrêta là. ‘Le couple’ n’allait pas continuer à s’engueuler, ça n’aurait rien changé à la situation de toute façon. Chester avait remarqué des bandages à sa cheville. Tant mieux, la perte de sang était aussi dut à la cause de son inconscience. Il essaya de gigoter un peu, pour trouver un moyen de se détacher, mais rien à faire. Et puis là on parlait de chaînes, pas d’une simple corde. En plus, il avait remarqué que Mélium pouvait créer du feu de ses mains, elle avait sûrement du déjà essayer de s’en sortir, mais elle était toujours enchaînée. Rien à faire donc, si ce n’est attendre, voir ce que l’homme allait faire d’eux à présent.
Quelques minutes s’étaient écoulés, mais aucun des deux n’avaient ouvert la bouche. Des regards s’étaient croisés mais sans plus. Mélium devait en vouloir à Chester, pour son intervention et d’avoir risqué sa vie pour elle. Et ça il commençait à le réaliser. Quand elle avait demandé à cet homme de l’emmener avec elle, c’était sûrement pour qu’il laisse Chester en paix.

-Mélium, je…

Il voulait s’excuser et voir ce qu’elle pouvait lui dire en retour. Mais à peine avait-il ouvert la bouche, que des bruits de pas se firent entendre. L’homme ou plutôt, le French Butcher, fit son entrée dans la pièce ou se trouvait ses deux prisonniers. Ils le regardèrent tous les deux, en attendant de savoir ce qu’il avait à dire.

Damien arriva, affichant un grand sourire. On pouvait voir qu'il avait un reste de sandwich au jambon dans la main droite.

"Bon, vous êtes réveillés tout les deux ? C'est parfait ça !"

Damien s'approcha de Chester, le dévisagea, toujours avec un sourire démesuré. Il se tourna ensuite vers Mélium, s'approcha d'elle... et son visage s'assombrit.

"Tu pensais vraiment m'avoir comme ça toi ? Hein ? Tu pensais que j'étais assez stupide pour ne rien voir venir ?"

Mélium ne répondit pas, ce qui n'avait pas l'air de déranger Damien.

"Tu devais vraiment ne plus avoir le choix pour tenter une telle chose... Tu croyais vraiment que j'avais oublié que tu était venue pour me tuer ? Tu pensais vraiment me duper aussi facilement ?"

"Je l'ai fait uniquement pour que Chester s'en sorte."

Damien marqua une pause quelques secondes avant de se retourner et d'avancer jusqu'à la fenêtre. Après avoir regardé l'extérieur l'espace d'un instant, il se retourna de nouveau et reprit la parole.

"Et j'imagine que cela ne devait pas te déranger d'avoir la possibilité de m'éliminer dès que j'aurais eu le dos tourné..."

"J'aurais aimé t'éliminer, mais je suis beaucoup trop faible pour..."

"Et c'est pour ça que tu passe par des moyens aussi sournois et désespérés pour arriver à tes fins..."

Le visage de Damien s'éclaira soudain d'une lueur nouvelle.

"Tu dis avoir fait ça pour lui... et bien pour te punir il va rester ici et quand j'aurais un petit creux je le mangerais !"

"Très bien, si ça te chante, mange-le. Je ne vois même pas pourquoi il est venu à mon secours."

"Parfait, puisque tout le monde est d'accord il va rester là. Par contre je ne sais pas quoi faire de toi.... Je pourrais te garder aussi... mais nan ça me fera trop de gens à nourrir. Alors je te mange maintenant ? Mmmm... nan j'ai pas faim là..."

Après une très coutre pause, Damien reprit.

"Bah je sais pas du tout... Ah si : j'ai qu'à te balancer par la fenêtre et comme ça on en parleras plus !"

"Me balancer par la fenêtre ?... Tu es stupide."

Damien s'approcha de Méli et saisit la chaise. Une fois qu'il l'eut soulevé au dessus de sa tête Mélium se balança afin de le forcer à lâcher prise, tombant lourdement sur le sol, brisant ainsi le dossier de la chaise. Damien parut visiblement énervé.

Oh mais y'a pas moyen de s'amuser tranquille avec toi... Bon, disparais je t'ai assez vue !

Tout en disant ces derniers mots, il sortit sa chaîne de sa manche droite. Celle-ci alla se raccrocher au bout de la longue portion de chaîne qui ligotait Méli. Damien rembobina ensuite son arme, faisant exécuter à Méli de nombreux tour sur elle même à une vitesse relativement rapide.

"Bon, va-t-en, je ne veux plus te voir !"

Après quelques secondes de plus, il ajouta :

Et ne reviens plus jamais !

"Tu pensais vraiment m'avoir comme ça toi ? Hein ? Tu pensais que j'étais assez stupide pour ne rien voir venir ?"

Mélium n’avait pas répondu. Elle n’avait, de toute façon, aucune réponse à ce genre de questions et ne voulait pas y répondre. Tout ce qu’elle désirait, c’était que Damien libère ses deux prisonniers. Et Surtout Chester qui était enchainé par sa faute...

"Tu devais vraiment ne plus avoir le choix pour tenter une telle chose... Tu croyais vraiment que j'avais oublié que tu étais venue pour me tuer ? Tu pensais vraiment me duper aussi facilement ?"

"Je l'ai fait uniquement pour que Chester s'en sorte."

…Mais s’il n’avait pas tenté de la secourir, elle n’aurait pas eu à charmer son adversaire et ils ne se seraient pas trouver dans cette situation.

Lorsque Damien s’était avancé vers la fenêtre, Mélium avait baissé la tête et lâché un soupir quasi imperceptible. Si elle avait su que le « French Butcher » allait réagir comme ça, elle ne l’aurait certainement pas pris pour cible.

"Et j'imagine que cela ne devait pas te déranger d'avoir la possibilité de m'éliminer dès que j'aurais eu le dos tourné..."

"J'aurais aimé t'éliminer, mais je suis beaucoup trop faible pour..."

Oui, si elle avait été assez forte, elle aurait absorbé son âme sans aucun remord. Et elle aurait gagné le respect d’Eliott et des autres qui croyaient qu’elle était faible...
Malheureusement, ils n'avaient pas eu tort: sa technique de combat s’était révélée inefficace. C’est aussi la raison pour laquelle elle avait usé d’une autre méthode, et ça, son adversaire l’avait très bien compris :

"Et c'est pour ça que tu passe par des moyens aussi sournois et désespérés pour arriver à tes fins... »

Un lourd silence s’était installé, mais le « French Butcher » y mit fin rapidement :

« Tu dis avoir fait ça pour lui... et bien pour te punir il va rester ici et quand j'aurais un petit creux je le mangerais !"

"Très bien, si ça te chante, mange-le. Je ne vois même pas pourquoi il est venu à mon secours."

En fait, la jeune femme ne voulait surtout pas que l’âme de Chester, l’esprit de son ‘fiancé’ meurt.Elle aurait, ô combien, préféré souffrir elle-même de sa punition, car son entourage n’avait pas à subir les conséquences de ses actes.
Mélium espérait que sa réponse rebute Damien, mais ce ne fut pas le cas.

"Parfait, puisque tout le monde est d'accord il va rester là. Par contre je ne sais pas quoi faire de toi.... Je pourrais te garder aussi... mais nan ça me fera trop de gens à nourrir. Alors je te mange maintenant ? Mmmm... Nan j'ai pas faim là..."

Damien avait marqué une pause où les secondes se transformaient en heures. Le cœur de Mélium battait la chamade de crainte et son souffle s’était coupé. Voilà que son adversaire décidait de son sort. Apparemment, il ne pouvait la garder et ne voulait pas absorber son âme…Qu’allait-il faire d’elle ?

"Bah je sais pas du tout... Ah si : j'ai qu'à te balancer par la fenêtre et comme ça on en parlera plus !"

Sur ces paroles, elle le regarda méchamment. Son orgueil en avait pris un coup et son esprit combattif s’était ravivé. Il voulait donc la jeter par la fenêtre, comme on jette un déchet à la poubelle. Ça n’allait pas se passer ainsi.
Avec un sourire provocateur, Mélium répondit :

"Me balancer par la fenêtre ?... Tu es stupide."

Un instant plus tard, il avait saisi la chaise contre laquelle elle était enchainée. Soudainement, alors qu’il la soulevait un peu plus, elle jeta tout son poids en arrière et bascula. Son dos en avait pris un coup, mais le dossier de la chaise s’était brisé, desserrant légèrement l’emprise de la chaîne. Ceci énerva Damien et fit sourire Mélium. C’est alors qu’il empoigna son arme…

‘‘ Oh mais y'a pas moyen de s'amuser tranquille avec toi... Bon, disparais je t'ai assez vue ! ’’

…Pour l’accrocher à ce qui emprisonnait Mélium et la faire tourner soudainement sur elle-même.
Ceci passé, elle rampa vers la porte d’entrée, trop embrouillée pour se lever et faire face au « French Butcher ».
Il avait dit quelques choses, mais la jeune femme ne pouvait même plus comprendre ce qu’il ajoutait. Car sa préoccupation première était de quitter au plus vite cet endroit.

Pourtant, arrivée à l’entrée, Mélium ne quitta pas la chambre, mais se servit de la porte pour tenir debout.Ainsi, elle put faire face au « French Butcher ».
Avant qu’elle ne parte, il fallait qu’elle libère Chester !
Soudainement, la jeune femme empoigna son crochet, signifiant qu’elle ne s’avouait pas vaincue, l’enflamma et le lança vers son adversaire.

« Je ne peux pas m’en aller. Tout simplement parce que tu retiens Chester ! Sais-tu que les autres n’ont pas à en pâtir par ma faute ?!... »

Damien ne put attraper Djiin, car ce que visait Mélium ce n’était pas lui, mais la poutre en bois servant à maintenir les rideaux au-dessus de lui. Celle-ci s’arracha de ses supports et se coupa net.
Puis, la jeune femme s'exclama, lançant son poignard, lui aussi enflammé, vers Damien :

« …Tu as le droit de me punir, mais pas de t’en prendre à mon entourage ! Est-ce clair ? »

Damien avait été surpris par l'attaque soudaine de Méli, mais il était maintenant réellement énervé. Il déchira les rideaux qui s'étaient abattus sur lui, évitant sans même s'en rendre compte le couteau enflammé lancé par Méli, qui se perdit dans les rideaux.
Le "French Butcher" ne souriait plus, son visage avait perdu toute trace du grand gamin qu'il était pour l'instant resté.

Puisque tu as l'air d'y tenir à ce point à ton ami, sache que si tu ne t'en vas pas tout de suite je le tue !

Damien semblait plus sérieux que jamais, sa voix était glaciale, son regard était noir. Son bras gauche était tendu vers Chester tandis que son bras droit était pointé vers Mélium, il était prêt à les éliminer, tout les deux.

Espèce de lâche ! Pour ça il faudra me passer sur le corps !

Si c'est ce que tu veux...

Damien bondit à une vitesse peu commune sur Mélium, qui peina a éviter en se jetant sur le côté. Alors qu'elle roulait pour se relever, une chaîne acéré lui érafla le côté droit du visage, faisant couler quelques goûtes de sang. À peine fut-elle debout que Damien bondit de nouveau, propulsant Mélium contre un mur d'un coup d'épaule.

Tu aboies plus que tu ne mords, mais je vais te faire taire pour de bon !

Il ne laissa pas le temps à son adversaire de formuler une réponse et repartit immédiatement à l'attaque. Mélium réussit à éviter de justesse un violent coup de poing qui ébranla le mur et réussit à s'écarter suffisamment de son adversaire pour lancer Djiin à l'attaque. Celui-ci fut dévié par la chaîne de Damien tandis que l'autre bout de la chaîne fonçait droit sur la jeune femme, qui se jeta à nouveau à terre évitant ainsi d'être transpercée. L'attaque provoqua cependant une nouvelle entaille, au niveau de son épaule gauche cette fois.

Danse, danse pour moi petit chiot ! Danse tant que tu le peux encore !

Derrière Damien, au milieu des rideaux déchirés, un feu grandissait, provoqué par le couteau lancé plus tôt par Mélium. Une odeur âcre emplissait peu à peu la pièce et de la fumée stagnait sous le plafond. Dans une dizaine de minutes, la pièces toute entière serait en feu, et Damien était le seul à n'avoir pas remarqué le début d'incendie.

Ce n’était pas étonnant que Mélium n’en mène pas large face à Damien. Déjà blessée, il avait fallu qu’elle se cause d’avantage de dégâts en provocant son adversaire. Celui-ci se trouvait tellement furieux qu’il enchainait attaque sur attaque sans laisser à Mélium le temps de répliquer. La jeune femme se trouvait bien mal : elle souffrait et avait de plus en plus de mal à éviter les offensives du ‘French Butcher’.
La pItoyable faiblesse de Mélium semblait évidente.Et à ce rythme-là, elle ne résisterait pas longtemps, elle en était consciente. Elle restait à terre car si elle se levait, elle revenait à ce combat qui la terrorisait. Tandis que le ‘French Butcher’ lançait son odre, la comparant à un vulgaire chiot, elle se recroquevilla, morte de peur et toussa car l’air se faisait vraiment lourd. Soudainement, elle remarqua l’incendie qu’elle avait causé et se redressa. Il fallait évacuer ! A ce train-là, tout l’étage allait être envahi par la fumée !

Cependant, Damien ne s’était sans doute pas rendu compte de l’incendie, puisqu’il l’attaqua de nouveau à l’aide de sa chaîne. La jeune femme se déplaça légèrement sur le côté, l’évitant de justesse à nouveau puisqu’une nouvelle entaille s’était creusée sur quasiment toute la largeur de son dos. Ignorant bien difficilement sa douleur, elle roula jusqu’à atteindre Chester et s’abriter derrière sa chaise. Là, le ‘French Butcher’ attaqua de nouveau,et la chaine fila vers le prisonnier et la jeune femme ,cherchant à faire d’une pierre deux coups.
Pour la première fois, Djiin réussit à dévier l’arme du fou, comme celle-ci avait réussi à le dévier. Et le serpent d’acier partit frapper le mur.Ne perdant pas de temps, Mélium fouilla la portion libre du veston de son ‘fiancé’ ; par chance, elle trouva son colt et le lui emprunta. Mélium roula ensuite vers la porte d’entrée et rembobina Djiin avant de sortir le colt de Chester, le pointant vers son adversaire.

« Ne bouge pas ! Sinon je ti… »

Elle se jeta à terre car le ‘French Butcher’ l’avait désarmée. De toute façon , elle avait toujours détesté les armes à feu et n’avait jamais tiré avec. Très vite, elle sortit de la chambre pour foncer vers un des interrupteur de l’alarme incendie qui n’était heureusement pas très loin. Mélium ne savait pas s’il y avait d’autres personnes dans l’hôtel, mais elle préféra appuyer sur le bouton qui déclencha l’alarme. Enfin, elle retourna le plus rapidement possible dans la chambre où le feu s’était déclaré avant de rouler pour se placer derrière la chaise de Chester. Elle dégaina sa rapière, l’attacha à son poignet grâce au câble de Djiin et, prenant son courage à deux mains, ft face au ‘French Butcher’.