Les portes s'ouvrent et les passagers se poussent pour descendre. Tous semblaient se sentir mal à l'aise, à proximité de Nikolaï. Celui-ci n'y prêta pas attention, même s'il l'avait fait, sans doute n'aurait-il pas compris qu'il était à l'origine de ce malaise. Il attendit patiemment de pouvoir descendre, et pressa le pas une fois le pied en Québec. Il n'avait pas vraiment d'objectif, pour le moment, et devrait donc prendre son mal en patience en attendant le début du tournoi des âmes.
Nikolaï récupéra le peu de bagages qu'il avait enregistré sous l'oeil des passants effarés de voir quelqu'un emporter si peu de choses en voyage. Son bagage ne constituait qu'en une sacoche dans laquelle il y avait du matériel médical rudimentaire qu'il ne prenait qu'en cas d'extrême nécessité et qui n'avait pas été changé depuis des années.
Une fois hors de l'aéroport, il fit apparaître deux couteaux et commença à jouer avec. Il ne comprenait pas pourquoi ceux-ci avaient été interdits à l'intérieur de l'avion, ni même l'ensemble des mesures prises dans l'aéroport. C'était la même rengaine à chaque tournoi, lorsqu'il avait à prendre l'avion. Nikolaï n'avait ni télé, ni radio dans ce qui lui servait de domicile, il ne lisait aucun journaux et n'allait pas sur Internet. Il ne s'intéressait donc que très peu au monde qui l'entoure. Un continent entier pourrait disparaître sans qu'il le sache.
Il marchait sans but droit devant lui. Les passants lui jetant des regards interloqués et s'écartant devant lui commençaient à l'agacer, ainsi coupa t-il par une ruelle.
Il avait traversé à moitié cette ruelle lorsque une silhouette se dessina à sa sortie, un pistolet à la main. Nikolaï eut un léger sourire en voyant que quelqu'un pensait pouvoir le piéger dans cet endroit. C'était mal le connaître...
"Quoi tu veux, camarade ?"
Après de longues années à rester silencieux lors des tournois, ne sachant parler que le russe, il avait finalement pu apprendre un semblant de vocabulaire et de conjugaison, mais la grammaire restait toujours hors de sa portée. Il parvenait en revanche à comprendre la plupart des phrases.
"C'est toi, celui qu'on appelle le Loup ?"
Da
D'après ce qu'on dit sur toi, t'aimes te battre... Tu veux tenter ta chance au couteau contre quelqu'un qui tient un flingue et qui t'a en joue ?
Il riait tout en prononçant ses mots. Nikolaï ria également en retour.
Da ! Da ! Tenter ma chance !
Haha... Putain de cinglé...
Nikolaï entendit soudain un bruit derrière. Quelqu'un courait vers lui à toute vitesse.
On n'est jamais trop prudent hein... t'as une très bonne réputation, après tout...
Nikolaï eut un court flash, comme cela s'était déjà passé tant de fois, il put apercevoir ce qui pourrait arriver dans une seconde s'il ne faisait rien. L'agresseur de derrière allait esquiver le coup que Nikolaï comptait porter en arrière en s'abaissant et riposterait en plantant son couteau dans la poitrine du Russe avant de se faire égorger. L'autre agresseur tirerait ensuite une rafale de balles. la vision s'arrêtait là, mais le Mutileur avait déjà agi. Il fit une balayette en arrière pour faire tomber le lâche, qu'il agrippa en plantant ses deux couteaux de part et d'autre de la poitrine et ramena devant lui, s'en servant de bouclier contre les balles de l'autre.
Espèce... Espèce de malade !
Il vida son chargeur, mais au moment où il tentait de prendre la fuite, il reçut le corps de son partenaire sur lui et tomba à terre. A peine eut-il repoussé ledit coéquipier qu'il sentit la sensation douloureuse d'un couteau planté profondément dans le cou. Les derniers mots qu'il put entendre furent, accompagnées d'un petit rire :
"J'ai tenté chance à moi, et gagné"
L'autre en revanche, qui l'avait attaqué par derrière, n'avait pas l'air d'avoir rendu son dernier soupir. Il le supplia.
"Je... Je t'en prie... Pitié ! Ne... N'absorbe pas mon âme !"
"Absorber âme à toi ?"
"Ne la détruis pas non plus ! Je ne veux pas devenir comme un de ces zombies !"
Ca ton problème, je rien connaître sur les âmes...
Il était sur le point de partir et de continuer son chemin, abandonnant l'homme à son agonie, mais celui-ci cria, le suppliant de plus en plus fort.
JE T'EN PRIE ! CEUX DE NIRVANA VONT TROUVER MON AME ! ACHEVE MOI, JE T'EN SUPLIIIE ! JE TE DIRAIS TOUT CE QUE TU VEUX SAVOIR !
Nikolaï réfléchit quelques secondes, puis parla :
"Mmh... Où hôtel le plus proche?"
Hein ? Il... Il est deux rues plus loin, en suivant celle-ci... alors vous allez me tuer ?
En guise de réponse, Nikolaï lui abrégea ses souffrances d'un coup de couteau. Il se fichait bien du devenir de son âme, tout ce qui lui importait c'était qu'il arrête de crier. Il regrettait tout de même d'avoir fait un tel cadeau à un homme qui l'avait attaqué par derrière et avait résisté si peu longtemps.
Il se dirigea vers l'hotel qu'il ne tarda pas à trouver. Il s'enregistra, paya cash et se dirigea vers sa chambre pour aller dormir.
Sujet: Le Loup entre dans la partie